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La nouvelle Afrique centrale selon NGOMO Privat.
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29 avril 2018

LA RUPTURE EST DÉSORMAIS INÉVITABLE AU SEIN DE LA CNR POUR POURSUIVRE LA RÉSISTANCE

Toute rupture n’est jamais agréable car elle porte son lot de désaffection, de remords, de regrets et de tristesse. C’est une épreuve que l’on préfère éviter quand on a le sentiment de ne pas avoir assez de force pour la surmonter. Pourtant, lorsqu’un esprit lucide prend conscience que l’union qu’il pratique avec l’autre est susceptible de le détruire, de le réduire à néant s’il la poursuit, il doit prendre la courageuse décision de rompre cette communion et d’envisager un autre avenir sans l’ancien partenaire.

Les ruptures sont bien souvent sentimentales, mais elles peuvent être aussi politiques et relèvent, dans ce cas, d’un autre ordre : celui de la stratégie et de l’intérêt dans la conquête ou la conservation du pouvoir.

Jean Ping, président élu le 27 août 2016, veut-il encore accéder au pouvoir ? Répondre par l’affirmative à cette question signifie qu’il doit prendre désormais une courageuse décision, celle d’accepter de se séparer des alliés qui veulent prendre part aux législatives.

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HISTORIQUE DES RECENTES RUPTURES

      PREMIERE RUPTURE. Quand le 1er février 2014, Jean Ping rompit avec le PDG et le système BONGO, il rentra dans une nouvelle dynamique, ponctuée de nombreux évènements socio-politiques dont l’épicentre fut le vote de la majorité du collège électoral en sa faveur, lors de la dernière élection présidentielle d’août 2016. Ce fut sa première rupture politique. Elle fut nécessaire pour que de hiérarque notoire du PDG, Jean Ping devienne l’espoir du peuple gabonais.

       DEUXIEME RUPTURE. En février 2016, alors qu’une partie du Front (plate-forme de coalition de l’opposition pré-électorale) organisa la Convention de l’Alternance et du Changement qui plébiscita Jean Ping, l’autre moitié qui refusait le leadership du fils d’Omboué développa une stratégie hasardeuse (DTE) et se mua plus tard en Union Sacrée pour la Patrie (USP). Cette deuxième rupture consacra Jean Ping comme candidat majeur de l’opposition à la prochaine élection présidentielle. Comble d’ironie, ceux qui, au sein de l’USP, avaient récusé sa candidature et militaient contre l’élection présidentielle,  firent un revirement à 180 degrés pour réaliser la candidature consensuelle de l’opposition autour de Jean Ping, le mardi 16 août 2016. Cette deuxième rupture fut importante car elle permit d’établir le rapport de forces nécessaire pour déterminer la personnalité de l’opposition qui disposait des meilleures chances pour gagner les élections présidentielles.

       TROISIEME RUPTURE. Dès la proclamation des résultats de la dernière élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, le 23 septembre 2016, René Ndemezo’Obiang, Louis-Gaston Mayila et quelques soutiens de Jean Ping ayant battu campagne pour lui, décidèrent néanmoins de reconnaître l’imposteur régime et acceptèrent de prendre part à l’initiative du dialogue national qui se tint à Angondjé, en mars-avril 2017. En acceptant de collaborer avec la forfaiture, Ndemezo’Obiang et les autres s’exclurent, eux-mêmes, de la résistance qui naissait. Ils ne mirent plus jamais les pieds au quartier général ou à la résidence des Charbonnages de Jean Ping. Et ce fut bien ainsi, car cette troisième rupture, devant le premier obstacle dressé à la résistance, eut le mérite de clarifier les positions, d’éliminer les poids nuisibles, devenus dangereux, et surtout d’apporter une nouvelle cohérence dans le long combat de la résistance. Ceux qui entendaient et entendent poursuivre la résistance aux côtés de Jean Ping ne reconnaissent toujours pas la légitimité usurpée d’Ali Bongo.

 

PLAIDOYER POUR UNE RUPTURE AU SEIN DE LA CNR

      LES INTRIGUES. Le deuxième obstacle - après le dialogue national -  qui se dresse à la résistance est celui des législatives, 3 fois annoncées et 3 fois reportées. Le pouvoir illégitime qui entend les organiser veut assister à l’implosion de la CNR, mais surtout à l’isolement de Jean Ping et à la fin de la résistance. En effet, si les élections législatives finissent par avoir lieu, la seule opposition crédible sera celle parlementaire qui aura participé aux élections de représentation nationale. Le leader de cette opposition sera celui dont le parti aura obtenu le plus de sièges. Ce leader pour exister, disputera cette position à Jean Ping qu’il combattra politiquement dorénavant. Dans cette optique, les élections législatives doivent faire oublier les présidentielles. Un clou chassant l’autre, selon l’adage français.

       Barro Chambrier, Myboto, Nzouba Ndama et Moukagni Iwangou, pour ne citer que ces 4 personnalités politiques, entendent participer aux prochaines échéances législatives en réclamant toutefois la bénédiction de celui qu’ils veulent « assassiner » politiquement. Leur stratégie est claire : prendre acte de l’imposture et composer avec elle dans l’institution parlementaire et même au gouvernement et dans la haute administration. Leurs intérêts sont connus : exister politiquement (et personnellement) sur le terrain national et se préparer pour les élections à venir (locales puis présidentielles en 2023). Dans leur agenda, visible à l’œil nul, Jean Ping n’est plus au programme.

       Le président élu, Jean Ping, n’est pas né de la dernière pluie. Il lit les analyses, est au courant des tractations nocturnes de ses alliés pro-législatives avec le pouvoir, sait pertinemment que sans son nom évoqué auprès des populations déçues et désabusées, les chantres de son isolement ourdi n’ont aucune chance de faire belle figure aux élections législatives, si elles venaient à se tenir. Il sait que la trahison est dans ses rangs et attend le moment des législatives pour frapper. Mais pourquoi est-il aphone ? Pourquoi ne prend-il aucune initiative forte au sein de la CNR ? Pourquoi laisse-t-il faire ? Est-ce une faiblesse, de sa part, de ne pas déplaire à ses amis de longue date en ne mettant pas un terme à leurs comportements contradictoires et déstabilisants pour la résistance?

       LA DEGRADATION DU CLIMAT DANS LA RESISTANCE. Le départ prématuré de Ndemezo’Obiang et les siens a apporté cohérence, confiance et sérénité dans la résistance pendant près de 20 mois. La présence de la bande des 4 au sein de la CNR nuit gravement  désormais au combat et produit suspicion et intrigue. Les intrigues suscitent la méfiance. La méfiance entraine la critique. La critique produit des invectives. Les invectives dégradent le climat au sein de la CNR et de la résistance.  Par les invectives, les forces de l'alternance et du changement se dissipent en vaines querelles, épuisant la résistance, affaiblissant la CNR et renforçant l’adversaire honni. Jean Ping ne peut continuer à vouloir garder ensemble des alliés qui désormais s’affrontent au grand bonheur du régime imposteur. Comment continuer à garder unie une coalition dont certains reconnaissent clairement la légitimité de l’imposture et veulent composer avec  elle en allant aux législatives au nom de Jean Ping, et d’autres qui restent attachés à l’esprit initial du combat de la résistance qui est celui de faire reconnaitre la vérité des urnes, et donc la souveraineté du peuple gabonais conférée à Jean Ping ?

       L’UNITE DE FACADE. Vouloir présenter une unité de façade qui cacherait des contradictions, voire des divergences désormais très apparentes est proprement puérile. L’image de rassembleur du président élu Jean Ping doit se faire, non avec des amis personnels qui trahissent à présent la cause suprême de la résistance, mais plutôt avec le peuple de l’alternance et du changement, bien plus nombreux que la bande des 4, et qui aujourd’hui est confus, perdu par les atermoiements et retournements situationnels des opportunistes politiques. La sérénité a foutu le camp au sein de la CNR. Il faut la ramener le plus vite possible. Et cela exige une clarté dans la position du président élu Jean Ping relative à la participation des membres de la CNR aux élections législatives qui, par ailleurs, auraient dû se tenir, ce 28 avril 2018.

      LES HESITATIONS MEURTRIERES. Les tergiversations, les hésitations et les silences du président élu sur cette lancinante question participent de la dégradation du climat au sein de la coalition. La non-réaction de Jean Ping peut être fatale à son destin de président en fonction. Un débat a eu lieu au sein de la coalition sous les auspices de Jean Ping. Deux positions tranchées et contradictoires se sont exprimées. Une position minoritaire qui n’entend pas se soumettre au verdit de la majorité et entend participer aux élections législatives. Cette position est défendue par la bande des 4. Une autre, largement majoritaire dans toutes les instances de la CNR et qui prône pour une restauration de la légitimité grâce au long et ardu combat de la résistance. Quelle est aujourd’hui la position personnelle de Jean Ping ? Le peuple de l’alternance et du changement organisé dans la résistance veut savoir et c'est son droit. Cela n’est point une faveur exprimée au leader de la CNR mais bien une exigence populaire de vérité dans le combat entrepris. Le leader qui conduit le peuple doit l’éclairer dans la nuit quand les circonstances l’imposent. Le peuple de la résistance est dans la nuit de la confusion et de l’embarras depuis que des membres de la même CNR tiennent simultanément dans des causeries adressées au peuple des discours diamétralement opposés. Chaque camp le faisant au nom de Jean Ping. L’absence de position personnelle affichée de Jean Ping sur la question des élections législatives finira par faire mourir la résistance et le combat pour la restauration de sa légitimité. Jean Ping doit annoncer clairement sa position sur cette question aux populations qui sauront en quoi s’en tenir lors des prochaines causeries organisés par les résistants.

  

QUATRIEME RUPTURE A ASSUMER.

Nous terminons cette analyse interpellative en nous adressant directement et très respectueusement au président élu, Jean Ping :

Monsieur le président,

Il est parfois plus sage d’accepter la rupture :

  1. Quand elle vous permet d’avancer vers votre objectif final ;
  2. Quand la préservation de l’unité de la CNR devient un handicap majeur dans l’atteinte du but fondamental ;
  3. Si elle apporte davantage de clarté dans l’esprit des populations qui se battent pour votre investiture officielle à la Magistrature suprême ;
  4. Quand votre combat a pour seule finalité, la libération du pays et l’amélioration du sort de vos compatriotes.

Monsieur le président,

Souvenez-vous que chaque rupture construit une nouvelle unité.

Les populations gabonaises qui soupirent après l’alternance et le changement, que vous incarnez, vous sauront gré car elles seront, après votre message, rassérénées, auront une meilleure vision du combat qu’elles mènent à vos côtés et seront prêtes aux sacrifices imposés par le long et pénible combat de la résistance dans une coalition regénérée.

Et ces sacrifices ne seront point vains, car in fine,  la lumière osirienne triomphe toujours de l’obscurité sethienne.

Hotep.

 

Fait à Libreville, le 29 avril 2018.

Par Privat Ngomo./-

 

 

 

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