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La nouvelle Afrique centrale selon NGOMO Privat.
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11 juin 2014

Nlang Mvet-Oyeng : Ngbwa Mintsa mi Ondo

Par Mwadzan Meye me Ngomo Mvé

NgbwaMintsagregory02

Que les yeux lisent ! Qu’ils lisent mvet !

 Ngbwa Mintsa m’Ondo est mort !

 La triste nouvelle était éparpillée par les sons du nkul-akong aux quatre coins  de la région d’Okü. Ainsi donc le puissant guerrier de l’ayong Mebane du village Endama qui s’était illustré remarquablement par son ambition d’améliorer le sort quotidien des siens venait de rejoindre le pays de Bekone. Tous les peuples d’Okü, sans exception étaient attristés, car ce puissant mortel de l’ayong Mebane, qui les abandonnait, était devenu depuis longtemps leur protecteur face aux hommes-rapaces d’Okü venus de la région de l’est.

Ces hommes-rapaces, avec à leur tête, le sanguinaire NguraNgurana EkamKam, asservissaient les populations d’Okü et s’accaparaient de leurs richesses. Les peuples d’Okü désespérés n’avaient plus d’autres solutions que de payer chaque jour le lourd tribut qui accentuait leur paupérisation. NguraNgurana Ekamkam avait un mépris souverain pour la vie des autres. Seule, sa propre vie comptait à ses yeux. Que lui importait que des milliers d’hommes pauvres et assujettis à sa puissance meurent chaque jour du moment qu’il pouvait ensuite s’approprier leurs femmes, leurs terres et faire disparaître leurs descendances.

Aucun guerrier d’Okü ne se sentait de taille à affronter le sanguinaire NguraNgurana EkamKam. C’est dans ce moment de grand désespoir qu’une lueur s’éclaircît à l’horizon. Le fils de Mintsa mi Ondo, préparé mystiquement par les plus grands sorciers d’Okü, chez ses oncles, Begnandomo, de l’ayong Esagok d’Ebomane, avait reçu la mission depuis son jeune âge de protéger son peuple quoiqu’il lui en coûte. Tant qu’il accomplira cette noble mission, il brillera de mille feux, et le monde d’Okü saura qu’un protecteur lui est entièrement dévoué et veille chaque jour sur lui. Dans son jeune âge, Ngbwa Mintsa s’était lié d’amitié avec le guerrier stratégique Mba Obama Ndong de l’ayong Efak-Nkòdjèñ à Meduneu. Les deux jeunes guerriers firent leurs classes militaires ensemble avant que chacun ne décida de suivre sa propre route. Quand vint l’heure de son avènement, Ngbwa Mintsa entra violemment en conflit avec EkamKam Zok qui avait entrepris de s’enrichir en dépossédant les autres.

EkamKam Zok était très puissant et maîtrisait les magies venues de tous les horizons. Son fils NguraNgurana EkamKam Zok était à ses côtés et apprenait les techniques monstrueuses de son père. Un jour, il savait qu’il le remplacerait. Il lui fallait égaler son père dans la cruauté, et pourquoi pas le surpasser. Mba Obama Ndong couvait également une grande ambition. Pas celle de se mettre au service de son peuple d’Okü, mais plutôt celle de sa propre gloire. Pour cela, Il devint ami à NguraNgurana EkamKam selon le bon vouloir d’EkamKam Zok.

Quand ce dernier, qui subissait l’affront outrageant de Ngbwa Mintsa, sut que Mba Obama Ndong connaissait son pire adversaire, il lui donna la mission de terrasser cet empêcheur de tourner en rond. Mba Obama Ndong reçut cette marque de confiance avec grande joie. Enfin, son heure de gloire avait sonné ! Car, s’il réussissait sa mission, il prouverait alors au sinistre EkamKam Zok, qu’il serait digne de lui succéder….

Que les yeux lisent ! Qu’ils lisent Mvet !

Dans la nuit noire, un éclair éblouissant traverse tout le ciel d’Endama-Mebane, Ngbwa Mintsa endormi se réveille brutalement et se redresse pour apercevoir un oiseau de proie écarlate qui fonce droit sur lui pour se poser sur son épaule gauche. « Je suis Mba Obame Ndong de l’ayong Efak-Nkodjèñ de Meduneu. Nous étions amis jeunes. Ne crains rien. J’ai un message pour toi de la part du grand chef, Ekamkam Zok ! ». Le message transmis, le rapace se dématérialisa et disparut aussi vite qu’il était venu. Resté seul, Ngbwa Mintsa, perplexe, réfléchit.  « Que me veut donc Ekamkam Zok ? ».

Mais une sagesse Ekang dit qu’on ne doit jamais refuser un appel, seule la nature de cet appel peut faire l’objet du refus. Fort de ce conseil ancestral, Ngbwa Mintsa se résolut de rencontrer Ekamkam Zok avant le lever du jour. Assis seul dans sa case de mystères, Ekamkam Zok suivait l’arrivée imminente de son redoutable adversaire dans sa mare magique. Quand l’eau de la mare se brouilla, Ekamkam Zok leva les yeux et vit Ngbwa Mintsa, assis sur le bord du lit qui lui faisait face, attendant sereinement que le maître des lieux annonce les couleurs. Ekamkam Zok se racla la gorge, cracha, et d’une voix caverneuse dit ceci : « Pourquoi me combats-tu, Ngbwa Mintsa ? Je suis puissant et immensément riche. Je peux te rendre heureux. Quel est ton prix ? Car tout homme, ici-bas, a un prix ! Donne moi le tien, quel qu’exorbitant qu’il fût, je le paierai ! ».

Ngbwa Mintsa resta impavide au son des paroles du sanguinaire mortel d’Okü. « C’est donc cela ! Il croit pouvoir m’acheter ! » pensa t-il. Puis il garda un long silence qu’Ekamkam Zok respecta. Enfin, regardant son hôte droit dans les yeux, il lui dit : « quand vous aurez remboursé toutes les richesses que vous avez dérobées à mon peuple, nous pourrons alors discuter de mon prix, Ekamkam Zok ! ». Frappant aussitôt sa poitrine, Ngbwa Mintsa se volatilisa et se retrouva couché dans le lit de sa case. Il avait bien répondu à l’appel, mais avait décidé de refuser la compromission qui lui était offerte sur un plateau d’argent.

Le lendemain, Ekamkam Zok, courroucé jusqu’à la démesure, convoqua le guerrier stratégique Mba Obame Ndong de l’ayong Efak-Nkodjèñ.  « Je t’ordonne de tuer Ngbwa Mintsa. Si tu y parviens alors tu me succèderas ! » Mba Obame Ndong sortit aussitôt de la case de mystères du chef sanguinaire. Mais l’espion spécial de NguraNgurana Ekamkam Zok qui veillait au grain, sut la teneur de l’entretien que les deux hommes eurent. Il s’empressa de rejoindre son commanditaire afin de lui faire un compte-rendu exhaustif. Il trouva le fils d’Ekamkam Zok prenant son bain matinal dans les chutes du fleuve Yom. Quelques belles jeunes filles d’Okü s’activaient à masser langoureusement NguraNgurana Ekamkam Zok. Quand ce dernier vit son espion spécial, Milang Misi, il ordonna aux naïades de le laisser seul.

« Ton père, Ekamkam Zok a promis à Mba Obame Ndong qu’il lui succèdera s’il vient à bout du terrible Ngbwa Mintsa .» NguraNgurana reçut comme une décharge électrique les propos rapportés de son père. « Ainsi donc, mon père est prêt à tout céder à Mba Obame Ndong qui n’est même pas son fils ? » Cette interrogation faite, il se tourna vers Milang Misi et lui intima l’ordre de se retirer. Son père, Ekamkam Zok, ne lui laissait plus le choix, il devra procéder au plan B quels que soient les cadavres qui joncheront son chemin vers le pouvoir. Et même si celui de son père devait figurer parmi eux …

Que les yeux lisent ! Qu’ils lisent mvet ! 

« Mon père préfère l’intrigant Mba Obame de l’ayong Efak-nkodjèñ, à son propre fils ! » pensa tristement NguraNgurana Ekamkam Zok. « Et pourquoi un Efak-Nkodjèñ de Meduneu devrait régner sur Ombinda et usurper le pouvoir qui revient de droit au sang Ekamkam Zok ? Père ne me laisse plus le choix. Je vais devoir agir et peu importe ce qui lui arrivera. Il l’aura bien cherché. » Ruminant de pensées sombres, NguraNgurana Ekamkam Zok frotta vigoureusement le fétiche qu’il avait sorti de sa gibecière de guerre. Un nuage noir, aux reflets étincelants, l’enveloppa, et disparut avec son prisonnier dans un bruit assourdissant.

Dans une grotte obscure, près du cimetière des éléphants qui se trouve au sommet du mont Kumasi, le guerrier stratégique, Mba Obame Ndong écoutait avec délectation le récit que lui faisait Milang Misi de la réaction de NguraNgurana Ekamkam Zok. Dans ce monde de rapines, d’ambitions et de déloyautés construit pendant près de quarante saisons sèches par Ekamkam Zok, seule la richesse matérielle comptait.

Posséder. Toujours posséder jusqu’au ridicule, jusqu’à la démesure, jusqu’à l’inhumanité. Posséder plusieurs femmes dont on finissait par ignorer les noms quand venait leur tour d’honorer le mari ; disposer de vastes terres pour cultiver de grandes plantations quitte à affamer, exproprier voire éliminer physiquement leurs malheureux et faibles propriétaires ; dépenser sans compter sa fortune acquise par le vol dans un gâchis extravagant, et regarder avec un cynisme parfait la misère progresser dans les contrées soumises à son diktat, voici l’éthique de vie dont Ekamkam Zok était le modèle répugnant.

Un modèle pourtant apprécié de son fils NguraNgurana Ekamkam Zok et Mba Obame Ndong, le guerrier stratégique, qui en étaient les serviles émules. Les deux hommes, jadis, avaient été mis en relation par le sanguinaire Ekamkam Zok. Ce dernier, impressionné par l’intelligence et le charisme que dégageait le guerrier Efak-Nkodjèñ, voulut que son fils prenne de la graine en étant ami à Mba Obame Ndong. Cette amitié, pensait-il, serait profitable à NguranNgurana Ekamkam Zok, qui ne présentait pas autant d’atouts et apprendrait certainement beaucoup en observant le guerrier stratégique. Une fraternité naquit donc entre les deux hommes qui partageaient tout : les mêmes repas, les mêmes bains matinaux, les mêmes femmes prises en captivité lors des guerres, et aussi …. le même espion.

En réalité, seul le fin stratège Mba Obame Ndong savait que Milang Misi était un double agent. Sa ruse légendaire lui permettait de suivre les faits et gestes d’Ekamkam Zok et de son fils, quand dans le même temps, NguranNgurana Ekamkam Zok, moins malicieux, était persuadé que Milang Misi était son espion personnel et privé. Chacun surveillait l’autre, mais à ce jeu de dupes, Mba Obame Ndong semblait avoir un temps d’avance.

Mais l’heure du combat fatidique approchait. La récompense promise suscitait déjà des sensations indescriptibles dans tout le corps du guerrier stratégique. Bientôt il aurait le pouvoir et pourrait à son tour, et selon sa fantaisie, régner seul sur la contrée d’Ombinda et même au-delà.

Mais avant, il lui fallait défaire et même abattre l’incorruptible Ngbwa Mintsa qui se refusait à tout compromis, à toute compromission. Et la partie n’était pas gagnée d’avance car, en plus d’être redoutable et retors, le fils d’Endama-Mebane était aimé dans toutes les régions d’Okü. Il avait forcément des soutiens discrets ou secrets auprès des populations miséreuses qui l’adulaient comme leur défenseur, leur sauveur. Mba Obame Ndong compris qu’il fallait jouer serré. Car, après la disparition de Ngbwa Mintsa, il devra conquérir les cœurs des orphelins pour être aimé à son tour du peuple. Les tyrans, chose étrange, dans la haine et le mépris qu’ils éprouvent pour leur peuple, désirent pourtant ardemment et paradoxalement l’amour de ce peuple spolié, meurtri et appauvri.

Le guerrier stratégique caressait le rêve de régner différemment en soulageant les souffrances des populations qu’il fallait quand même garder dans une relative paupérisation efficace. En effet, un peuple qui a toujours faim, songe d’abord à manger, à vivre, avant d’envisager sa libération. Et c’est en cela que le digne combat de conscientisation mené par Ngbwa Mintsa était nocif et dangereux pour la longévité des tyrans. Un peuple conscient de sa force et de sa condition peut se lever et affronter l’unique tyran qui l’oppresse. Mais l’histoire des hommes enseigne que le peuple ne peut se lever seul car il a besoin de leader, de visionnaire, d’homme exceptionnel qui saura faire fi de sa propre vie, qui saura mourir pour que son peuple vive. Ngbwa Mintsa était ce héros d’Okü qui s’opposait farouchement à la cruauté d’Ekamkam Zok et de son fils.

La nuit tombait lentement sur le village Endama-Mebane accompagnée des chants des grillons. Le hululement d’un hibou se fit entendre. Ngbwa Mintsa, en bon initié, compris que cette nuit était spéciale et avait un parfum spécifique. Quelque chose d’étrange se tramait. Mais quoi donc ? Retiré à l’est de son village dans un lieu connu de lui seul, Ngbwa Mintsa fut effaré de voir venir silencieusement à lui le pygmée Bebayak. Comment connaissait-il la cachette secrète du héros d’Endama-Mebane ? Il est vrai que le pygmée Bebayak était son informateur, mais il ne lui avait jamais montré ce lieu secret. Que voulait-il donc ?

« N’aie aucune crainte, fils de Mintsa mi Ondo ! Tu es en danger de mort. J’ai eu recours à la magie de Medzim Soso pour avoir ta position secrète. Tu dois immédiatement quitter ce lieu car les mauvais esprits contrôlés par Mba Obame Ndong, le guerrier stratégique Efak-Nkodjèñ, savent désormais où tu te terres. » Ces paroles apaisèrent l’esprit anxieux de Ngbwa Mintsa. Le pygmée Bebayak n’était pas un ami, juste un compagnon fidèle de chasse mais certainement pas un ennemi. Le guerrier Ngbwa Mintsa entreprit donc de se fier à la parole du nain de nuit. Il prit ses armes et ses fétiches, quelques provisions réchauffées au feu de bois et décida de suivre nuitamment le pisteur Bebayak.

Même les hommes les plus méfiants ont leurs faiblesses. Ne s’apercevant de rien Ngbwa Mintsa emboitait le pas au pygmée Bebayak qui avançait avec assurance dans la forêt des abeilles grouillant de vie nocturne animale. Soudain, le héros d’Okü ne vit plus son devancier. Puis, il sentit une douleur naître dans sa jambe droite. Elle lui arracha un cri. Ngbwa Mintsa, blessé et tenant sa jambe se retourna et vit le pygmée Bebayak avec, encore à la bouche, la sarbacane qui avait laissé fuser une flèche empoisonnée.  « Infâme traître ! » vociféra le guerrier d’Endama-Mebane qui, en moins de temps qu’il n’en faut à un épervier de ravir un poussin dans la basse-cour, trancha d’un seul coup d’abakuña la tête du pisteur qui roula au sol. Récupérant prestement le crâne du pygmée, Ngbwa Mintsa frappa sa poitrine et disparut. Désormais le poison était à l’œuvre et l’antidote était connu du seul pygmée Bebayak qui venait de rendre l’âme.

Que les yeux lisent ! Qu’ils lisent mvet !

La mort cernait à présent Ngbwa Mintsa. La ruse de Mba Obame Ndong avait été efficace. La mort prochaine du guerrier d’Endama-Mebane ne lui sera pas reprochée. Qui pourrait établir le lien entre le pygmée Bebayak, Ngbwa Mintsa et lui ? Et d’ailleurs, qui saura que c’est le pisteur Bebayak qui a empoisonné Ngbwa Mintsa ? Nul n’a vu les deux hommes dans le lieu tenu secret par le héros d’Okü cette nuit fatidique où Ngbwa Mintsa fut touché mortellement.

Mba Obame Ndong avait déjà gagné la partie. Il en était conscient. Ngbwa Mintsa mourra de sa blessure car l’effet du poison était long et rendait toute tentative de soin vaine. La situation était donc irréversible. Ngbwa Mintsa finirait par mourir et la récompense reviendrait au guerrier stratégique. Mais comment apporter la preuve à Ekamkam Zok de la disparition de Ngbwa Mintsa car ce dernier s’était volatilisé après avoir sèchement décapité le traître de nuit ? Perdu dans ses réflexions stratégiques, Mba Obame Ndong ne sentit pas la présence de NguraNgurana Ekamkam Zok qui avait, à l’issue du point fait par Milang Misi, décidé d’en finir une bonne fois avec son frère ennemi. Alerté par un sixième sens que tous les hommes puissants possèdent, le guerrier stratégique sortit de ses pensées et se retourna. Il vit la silhouette du fils d’Ekamkam Zok qui encadrait la porte de sa case.

NguraNgurana souffla sur la paume de sa main. Le fétiche vodu se dissémina en poussière mystique dans la case toute entière. Mba Obame Ndong inhala les particules empoisonnées pendant que le fils d’Ekamkam Zok quittait précipitamment la case du guerrier Efak-Nkodjèñ. Le fétiche vodu était une composition extrêmement dangereuse qu’un sorcier d’Ouidah avait concoctée. Comble d’ironie, le sorcier d’Ouidah avait été introduit auprès d’Ekamkam Zok par Mba Obame Ndong, lui-même. Dans sa quête du pouvoir, le guerrier stratégique était persuadé qu’une alliance avec la cité légendaire d’Ouidah qui maîtrisait les arts de la magie noire était un atout indispensable pour arriver à ses fins. Il épousa donc la belle amazone d’Ouidah, Kidjo, qui se trouvait être la sœur du sorcier d’Ouidah Mais quand il fallut choisir son camp lorsque la rivalité entre Mba Obame Ndong et NguraNgurana Ekamkam Zok devint inéluctable, le sorcier d’Ouidah se rangea derrière le fils d’Ekamkam Zok et mit à profit sa magie noire pour permettre à NguraNgurana de vaincre Mba Obame Ndong et de s’asseoir sur le trône.

Les dés semblaient jetés. Suffoquant, le guerrier stratégique réussit à passer au travers les murs en terre battue de sa case avant de s’évanouir dans la forêt noire. NguraNgurana eut un sourire crispé de satisfaction. La poudre mortelle d’Ouidah était très efficace. Il voyait déjà les effets de cette même poudre qu’il faisait bruler chaque jour comme de l’encens dans la chambre royale de son père. Ekamkam Zok aimait sentir les effluves qui se dégageaient de la poudre magique brûlée. Il en redemandait chaque nuit à son fils qui ne se faisait pas prier. Et depuis quelques lunes, la santé du sanguinaire Ekamkam Zok déclinait à une vitesse vertigineuse. Bientôt, l’horizontalité sera son lit définitif. Et NguraNgurana pourra enfin hériter. Il ne lui restera plus qu’à venir à bout du retors Ngbwa Mintsa qui devenait introuvable, ces derniers temps.

Que les yeux lisent ! Qu’ils lisent mvet !

Dans un lieu secret près d’Engong Zok Mebege me Mba, pays des immortels du patriarche Akoma Mba, Ngbwa Mintsa, blessé et affaibli, s’est refugié. La nouvelle s’est répandue dans tout Okü et même à Engong : Ngbwa Mintsa, le héros d’Okü, l’incorruptible est gravement malade et ses jours sont comptés. Les peuples d’Okü sont dans la frayeur car d’autres nouvelles fusent également. Le vieux Ekamkam Zok se meurt et Mba Obame Ndong est porté disparu. NguraNgurana Ekamkam Zok n’a pas attendu le décès de son père pour s’asseoir sur le trône et hériter des femmes, enfants et richesses du mourant. Toute la contrée d’Okü sait que NguraNgurana finira par en achever son père si ce dernier tardait à s’en aller malgré la toxicité du poison d’Ouidah. Il n’était pas le plus doué, il était moins rusé que le guerrier stratégique qui avait les faveurs de son père, mais c’est pourtant lui NguraNgurana Ekamkam Zok qui règne désormais sur Ombinda, et ses plus féroces adversaires et rivaux sont désormais hors de course.

La vie est ainsi faite, les meilleurs parcours ne font pas toujours de grands destins. NguraNgurana au parcours trouble était pourtant devenu le maître d’une grande région d’Okü. Mais l’opposition à son jeune pouvoir s’organisait déjà. Ona Esangî, le terrible guerrier Esangî, Abaga Aseko, l’éminence grise de l’ayong Efak, le fougueux combattant Nguema Nguema de l’ayong E et Abege Ondo la femme guerrière Esandôn qui a transpercé d’un seul coup de sagaie cent homme-crocodiles étaient au chevet de Ngbwa Mintsa qui leur transmit par impartition toute sa puissance.

Ona Esangî reçut l’obstination et l’intransigeance qui n’accepte aucun compromis, Abege Ondo portera le message d’espoir auprès des femmes qui sont les plus nombreuses  à Okü et enfin, Abaga Aseko hérita de l’éloquence, du verbe Ngbwa Mintsa qui comme une flamme éternelle illuminera toujours les cœurs des indignés qui combattront sans relâche le nouveau  régime sanguinaire jusqu’à ce qu’il tombe. Et il tombera car depuis l’annonce du décès de Ngbwa Mintsa mi Ondo, Abaga Aseko le messager s’est rendu à Engong, précisément à Wor-zok où Akoma Mba a consenti à lui accorder une audience à minuit.

 

Mis m’eyene, m’eyene mvet !

 

Nlang mvet-Oyeng : Ngbwa Mintsa

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Commentaires
E
Très belle adapatation! Chapeau!
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E
Très belle adapatation! Chapeau!
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E
Très belle adapatation! Chapeau!
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N
je trouve très interessant le récit, pour moi profane, au delà de l'histoire de Pagré j'ai pu percevoir à quoi ressemble la stucture de l'épopée du mvet. j'avoue que je n'avais jamais rien compris au mvet. Bravo le narrateur!
Répondre
N
je trouve très interessant le récit, pour moi profane, au delà de l'histoire de Pagré j'ai pu percevoir à quoi ressemble la stucture de l'épopée du mvet. j'avoue que je n'avais jamais rien compris au mvet. Bravo le narrateur!
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